Développer une vision stratégique et inclusive de l’innovation sociale en réponse aux besoins de développement du continent africain

 

A l’instar du Maroc, du Kenya et du Rwanda, certains pays africains ont désormais recours à des solutions socialement innovantes pour répondre au double impératif de performance économique et sociale auquel ils sont tenus.

Néanmoins, face aux multiples enjeux auxquels l’Afrique est confrontée, ces initiatives offrent un paysage d’innovations fragmenté : l’impact produit par les solutions proposées reste faible face à l’immensité/l’acuité des besoins sociaux existants.

En plus d’une croissance démographique exponentielle, estimée à près de 50% sur les 16 dernières années, et près de 60 mégapoles africaines en 2016, les économies du continent font face à des défis sociaux multiples. L’exode massif, l’un des taux d’urbanisation les plus rapides au monde ainsi que les déplacements de population induits par les situations d’instabilité politique dans certaines régions sont autant d’autres challenges qui contraignent l’amélioration des conditions économiques et sociales des populations.

D’autre part, avec le regain d’intérêt que suscite l’Afrique pour les investisseurs étrangers ces dernières années se pose l’enjeu majeur de la redistribution équitable des richesses et de l’évaluation de l’impact de ces nouveaux flux de capitaux sur les populations.

Il devient ainsi nécessaire de privilégier une approche inclusive pour la définition de stratégies africaines d’innovation sociale, et ce, afin d’optimiser les apports de telles initiatives sur le tissu économique et social du continent.

Des expériences comme la création d’une structure étatique dédiée à encourager l’innovation sociale dans le domaine des nouvelles technologies de l’information au Rwanda, et celle du gouvernement kenyan d’encourager l’implantation de fonds et mécanismes d’investissement à fort impact social, sont des modèles de concepts innovants pouvant servir d’inspiration aux autres pays africains sous réserve d’un effort d’adaptation aux contextes nationaux.

 

Pour des mécanismes efficients d'innovation sociale qui répondent aux enjeux africains

 

Les mécanismes d’innovation sociale, notamment l’entreprenariat social qui en reste le levier le plus important actuellement, permettent de répondre à plusieurs attentes du continent, notamment en renforçant l’autonomie économique et sociale des communautés ; et en régulant le phénomène d’exode rural par la création de plus d’opportunités d’emploi décent en milieu rural. Combinés à des efforts d’accroissement de la capacité d’accès des populations aux outils technologiques, ces mécanismes sont susceptibles de favoriser l’émergence de nouvelles formes de création de valeur partagée.

Cependant, le développement d’une vision stratégique qui institue la mise en oeuvre de ces mécanismes repose sur la prise en compte certains principes essentiels. Ainsi, cette vision doit être construite selon une démarche collaborative, favorisant la convergence des points de vue et intérêts des acteurs concernés, à savoir les pouvoirs publics, les organisations de la société civile, les entreprises et l’écosystème entrepreneurial africain. De nouvelles formes de dialogue, fondées sur une ascendance des idées et des actions - approche dite du « bottom-up » - seront essentielles à l’adoption de mécanismes efficients d'innovation sociale.

 

Le Carrefour de l’Innovation Sociale : une initiative pour fédérer les entreprises africaines autour de l’innovation sociale

 

Annoncé lors de la 3ème édition des Rencontres Responsabilité & Performance qui portera sur l’innovation sociale en présence du Professeur Muhammad Yunus, le 2 novembre prochain à Casablanca, le « Carrefour de l’Innovation Sociale » sera un club d’entreprises, impliquant également des forces vives de la société civile sensibles aux sujets associés aux nouvelles formes de création de valeur partagée. Il s’appuiera sur le savoir-faire des entreprises africaines et la créativité des communautés du continent pour générer de la richesse de façon à impacter positivement leur développement social et économique.

 

Il se définit comme missions de :

  • Fédérer et sensibiliser à l’innovation sociale et à l’entreprenariat social
  • Participer à définir les mécanismes d’impulsion, d’appropriation des modèles de croissance inclusifs
  • Accompagner les entreprises souhaitant s’investir dans le domaine
  • Mobiliser l’intelligence collective autour de la thématique
  • Partager les bonnes pratiques
 

L’adhésion au « Carrefour de l’Innovation Sociale » sera ouverte aux entreprises déjà impliquées ou désireuses de s’engager sur la voie de l’innovation sociale dans leurs secteurs respectifs, à des personnalités issues des milieux de la recherche et associatifs dont les connaissances et expériences sont indispensables à une mobilisation inclusive des savoirs pour l’innovation sociale en Afrique. Des rencontres seront organisées sur une base trimestrielle et seront l’occasion d’échanges, de partage d’expériences, d’ateliers de réflexion et de formation dont les résultats seront compilés sous la forme de rapports. Le Carrefour fonctionnera sur la base d’une plateforme collaborative, se donnant pour principale mission de générer une expertise en matière d’innovation sociale, par le biais de publications et la formulation d’une « boîte à outils » destinée à renforcer les capacités des entreprises du continent en matière de création de valeur partagée.

 

Source

  • Banque mondiale, base de données 2016
  • Kinshasa, megapolis of 12 million souls, expanding furiously on super-charged growth – Mail & Guardian Africa – 02/04/2016
 

Pour ses premiers travaux, le Carrefour de l’Innovation Sociale capitalisera sur les entreprises à fort ancrage territorial rural, jugées sur leur niveau d’implantation et d’engagement dans l’exploitation de ces zones. En raison de la place qu’elle occupe au sein des économies des pays africains, non seulement sa part dans leurs Produits Intérieurs Bruts (PIB) respectifs, mais aussi son statut de levier à fort potentiel d’accélération de la croissance et du développement socio-économique pour le continent, l’agriculture sera un des secteurs-clés sur lesquels porteront les premières réflexions de ce Carrefour, parmi d’autres domaines tels que l’énergie, la santé et l’assainissement.